Bassin de Champagnac : l'exploitation jusqu'en 1890

Au début du XIX ème siècle, seules les couches peu profondes étaient exploitées au pic ; le charbon après avoir été trié était véhiculé jusqu’à la Dordogne vers Vernejous où il était embarqué sur des gabares pour être acheminé ensuite vers Bordeaux.

 

 

En 1856, la nouvelle société propriétaire entreprend d’importants travaux de recherches. Sur la concession de Lampret, on approfondit et on développe les galeries du puits Veissier qui ont recoupé une couche d e 8 à 10 m de haut. A Pradelles, on suit une couche de 2 m.

 

Après une longue période de phase préparatoire, c’est en novembre 1882 que la mine de Champagnac entre réellement dans une phase d’exploitation en particulier dans les galeries du Nord. Les installations extérieures sont achevées notamment l’usine d’agglomération dont les produits sont livrés aux chemines de fer de l’Etat.

 

 

En 1884-1885 on poursuit l’exploitation en grande et petite couche au dessus du niveau du tunnel. Les principaux chantiers sont aux étages 20 et 75 m. Il n’y a pas de grisou ; un ventilateur installé sur le puits des Plattes assure un aérage convenable.

 

Dans le courant de l’année 1886, les galeries du quartier de Chamblève ont été mises en relation avec celles du quartier St Charles et on a exécuté quelques travaux de reconnaissance au sud de ce puits sur les 3 couches du faisceau de Chamblève : la Minotte, la Grande et le Petite. Les dépilages ont porté principalement sur les couches de Chamblève, à gauche du tunnel. Les importants feux qui s’étaient déclarés dans le quartier Nord ou des Plattes[1], sont maîtrisés.

 

En septembre 1886 la production est de 250 bennes par jour (70 tonnes), les effectifs sont de 105 ouvriers à l’intérieur et de 50 à l’extérieur. Les piqueurs gagnent 4,50 à 5 francs par jour, les manœuvres, 3,25 francs par jour.

 

En 1887, Les exploitants ont conclu avec la Compagnie des Chemins de fer d’Orléans un marché de 11.000 tonnes dont 8.000 tonnes de briquettes et 3.000 tonnes de menus aux prix de 17,50 francs et 12 francs la tonne. A St Charles on pousse des traçages en Grande et Petites couches au niveau du tunnel. En 1888, le district du puits Vayssier a été remis en activité sans beaucoup de succès. La majeure partie de l’extraction est transformée en agglomérés. On agglomère directement sans lavage préalable. La mine est grisouteuse ; le puits des Plattes est équipé d’un ventilateur.

 

Les couches sont assez irrégulières. Dans les dressants (quartier du Tunnel), les couches sont divisées en sous-étages desservis par des bures verticaux et pris dans l’ordre descendant. Chacun des sous étages comprend des tranches horizontales qu’on exploita par une méthode en travers avec remblais complets venant de la surface. Dans les parties peu inclinées (région de la descenderie, région des Plattes), la méthode est celle des « viailles » ou enlevures contiguës successives prises en montant suivant la pente et remblayées aussitôt. Ce sont les mêmes hommes qui font l’abatage, le boisage et la nuit les remblais.

 

Le 28 décembre 1888, jour de la visite de l’Ingénieur des Mines les chantiers se répartissaient de la façon suivante :

 

- dans la région sud du tunnel on trace le massif de st Charles en grande et Petite Couches au niveau 75 (niveau du tunnel) ; ce massif renferme  4 chantiers d’abatage desservis par 3 bures et entre le massif St Charles et le tunnel, 6 autres chantiers ;

- dans la région au Nord du tunnel, dans le quartier de la descenderie, il y a un chantier près de la surface en grande couche, et un chantier de recherche ; la région nord des Plattes renferme deux chantiers en petite couche (la grande couche est déjà dépilée) ;

- dans le district du puits Vayssier on a fait l’amorce d’un étage à 16 m en dessous du niveau du tunnel. Le nombre total d’ouvriers est de 198 dont 140 au fond plus 32 personnes à l’usine d’agglomération. La mine utilise 10 chevaux au fond. La production journalière est de 155 tonnes brutes (120 tonnes de charbon marchand). Le lavoir ne fonctionne que 4 jours par semaine.

 

Un seul accident est arrivé en 1888, le 6 février, un ouvrier occupé au boisage d’un bure est resté dans ce bure pendant la descente d’une pièce de bois suspendue à une corde et mal attachée et a été touché par cette pièce.

 

En 1889, l’exploitation se poursuit dans les 3 mêmes quartiers. En vue d’exploiter l’aval-pendage des couches en dessous du tunnel, on a commencé le fonçage d’un puits de 3,50 m de diamètre qui doit être poussé jusqu’à la profondeur de 70 m. Les travaux du puits Vayssier sont définitivement abandonnés n’ayant donné aucun résultat.

 

Le prix de revient du charbon  au sortir de la mine est de 6,77 dont la Main d’œuvre 4,15 francs. Les frais de lavage sont de 1,087 francs la tonne de charbon brut. On utilise à peu près le tiers des résidus de lavage pour chauffer le générateur à vapeur.

 

Le personnel est de 313 personnes réparties de la façon suivante :

 

Fond

Jour

Maîtres-mineurs

3

Chefs de service

6

Manœuvres divers

8

Piqueurs

56

Surveillants

7

Charretiers

4

Boiseurs

17

Forgerons

7

Lampiste

1

Rouleurs

25

Charpentiers

6

Machiniste du ventilateur

1

Cantonniers

2

Chauffeurs

6

 

79

Remblayeurs

32

Cribleurs

6

 

 

Mineurs recherches

7

Trieurs

25

lavoirs

16

Fonçage puits

22

Coupeurs de bois

2

agglomération

46

Toucheurs ( ?)

12

 

 

 

 

 

172

 

 

 

 

 

Les piqueurs sont payés à la benne 90 cmes le gros, 60 cmes le menu, moyennant quoi ils font l’abatage, le boisage et le remblayage et ils supportent les frais de roulage jusqu’au bure. Ils gagnent en moyenne 5 francs par jour, les boiseurs, 3,50 à 4 francs, les rouleurs 3,25, les remblayeurs 3, les mineurs au rocher 4,20.

 

En 1890, les travaux d’abatage ont porté sur des massifs supérieurs au niveau du tunnel dans les 3 couches. Les avancements sud de la région st Charles sont suspendus. On a aménagé le nouveau puits Madeleine qui donne accès aux étages 30 et 65 m en dessous du tunnel. Il est équipé d’un treuil à 2 cylindres à air comprimé. Le guidage se fait par câbles. Le puits de Chambelève est situé sur la concession de Prodelles, profondeur de 305 m, il est relié au carreau de Ydes-Champagnac par un téléphérique sur 2 km. Le puits des Plattes est foncé vers 1890.

 

 



[1] on trouve les 2 orthographes : « Plates » ou « Plattes », de même on trouve « Minote » ou « Minotte ».

[2] PV de visite du 21 décembre 1889